mercredi 23 février 2011

Une édition clandestine du Contrat social publiée à Lyon en 1762

contratsocial.jpg Conférence présentée le 17 janvier 2011 à la Société historique de Lyon

Dans les Mémoires secrets de Bachaumont, à la date du 23 septembre 1762, on peut lire : « […] On ne cesse de faire des perquisitions du Contrat social. Un nommé De Ville, Libraire de Lyon, vient d’être arrêté & conduit à Pierre-Encyse. On a trouvé chez lui une édition qu’il faisoit de ce livre. » L’information est exacte, mais il y a erreur sur la personne : l’imprimeur en question se nommait Jean-Baptiste Réguillat. Le propos de cette conférence était de montrer que la conjonction des méthodes de l’historien et du spécialiste de bibliographie matérielle permet d’identifier l’édition clandestine lyonnaise de Réguilliat.

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mardi 18 janvier 2011

Parution de Julie, ou La Nouvelle Héloïse

lanouvelleheloise.jpg
Le Premier Baiser 
Dessin de Pierre Paul Prud’hon
Paris, Musée du Louvre
© RMN / Michèle Bellot
Dans les premiers jours de 1761, il y a 250 ans, La Nouvelle Héloïse fut mise en vente : "best-seller' du siècle, elle connaîtra 72 éditions jusqu'en 1800 ! Tout le monde aura lu ce roman épistolaire en dépit des remarques hostiles de certains critiques, et il procurera à Rousseau une incroyable célébrité. Raymond Trousson, professeur émérite à l'université de Bruxelles, retrace l'histoire peu commune de ce chef d'oeuvre. 

>> Feuilleter le manuscrit vol.1 de la Copie personnelle


Installé à partir d’avril 1756 à la campagne, dans la petite maison que lui a réservée son amie, Mme d’Épinay, Jean-Jacques Rousseau n’a pas tardé à ressentir le poids de la solitude et des ans, nostalgie qui le conduit à revivre ses rares souvenirs amoureux. C’est pour s’en consoler et vivre, au moins en imagination, un amour sans pareil que, peu à peu, au fil de ses promenades, il griffonne d’abord quelques lettres passionnées sans véritable intrigue : c’est le point de départ de Julie, ou la Nouvelle Héloïse. En 1757, sa passion – bien réelle celle-là –, pour la comtesse Sophie d’Houdetot, viendra nourrir et relancer son imagination créatrice, mais le roman devait aussi s’infléchir vers le moral et le grave.

Roman long, et le plus riche peut-être du siècle, mais construit sur une intrigue simple. Éprise de son précepteur, Saint-Preux, jeune roturier sans fortune, Julie d’Étange est devenue sa maîtresse. Son père refusant la mésalliance, elle doit épouser M. de Wolmar, de trente ans son aîné. Désespéré, Saint-Preux, pour oublier, s’engage dans l’expédition commandée par l’amiral Anson. Rentré quatre ans plus tard, il a la surprise d’être reçu par les Wolmar dans leur domaine de Clarens, au bord du lac de Genève, où il découvre avec émerveillement une propriété magistralement administrée, un couple harmonieux, une famille idéale. L’amour est-il mort ? Julie, devenue après sa faute une épouse et une mère exemplaires, meurt avant que rien n’ait mis en péril le bonheur de Clarens, mais en confessant un sentiment que ni ses efforts ni les années n’avaient pu affaiblir.

Même en prétendant à un but moral, Rousseau savait qu’il bafouait ses propres principes, mais avertissait aussi que les esprits mûrs trouveraient dans son roman autre chose qu’une histoire d’amour.

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lundi 19 juillet 2010

Pourquoi lire le Contrat social aujourd'hui ?

Chambéry, 28 juin 2010
Bruno Bernardi

Ce texte, prononcé le 28 juin 2008 lors de la journée Rousseau organisée par la Région Rhône-Alpes à l’espace André Malraux de Chambéry, est extrait d’une contribution plus étendue publiée en juillet 2010 par le Nouvel Observateur dans un numéro hors-série consacré à l’actualité de Rousseau.
    
          Le Contrat social est l’œuvre la plus célèbre de Rousseau. En tout cas celle qui contribue le plus à sa présence dans notre vie publique, notamment par les idées de souveraineté du peuple, de volonté générale et la conception de la loi qui lui sont associées. Ces idées lui ont valu d’entrer au Panthéon en figure tutélaire de la République, comme le représentant en politique de l’héritage des Lumières. Mais cette identification est à double tranchant. Le Contrat social, souvent invoqué mais peu lu, est traité comme une œuvre canonique mais pour cela même désuète. Est ainsi fait obstacle à la reconnaissance de ce qui, après avoir fait sa singularité en son temps, peut faire sa pertinence pour le nôtre.

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mercredi 07 juillet 2010

Je ne suis pas un livrier : Rousseau et l’expérience littéraire

Jean-François Perrin
Conférence à l’Espace Malraux, Chambéry, 28 juin 2010
lors de la rencontre organisée par la Région Rhône-Alpes
pour la préparation du tricentenaire

La formule dont j’ai intitulé cet exposé est une paraphrase d’un propos tenu par un personnage nommé « J.J », où Jean-Jacques Rousseau se représente lui-même dans un de ses derniers ouvrages intitulé Rousseau juge de Jean-Jaques ; son interlocuteur, à cet endroit du texte, lui demande pourquoi il persiste à vivre pauvrement, alors qu’il pourrait très bien s’enrichir en faisant des livres. C’est alors que J.J lui répond ceci : « Pourquoi vouloir que je fasse encore des livres quand j'ai dit tout ce que j'avais à dire, et qu'il ne me resterait que la ressource trop chétive à mes yeux de retourner et répéter les mêmes idées? […] Ceux qui ont la démangeaison de parler toujours trouvent toujours quelque chose à dire ; cela est aisé pour qui ne veut qu'agencer des mots ; mais je n'ai jamais été tenté de prendre la plume que pour dire des choses grandes neuves et nécessaires, et non pas pour rabâcher. J'ai fait les livres, il est vrai, mais jamais je ne fus un livrier. »

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