Rousseau d’hier et d’aujourd’hui
Par administrateur le lundi 07 mai 2012, 12:06 - Édition
Qui se cache derrière « le grand homme » ? C’est ce que cherche à dévoiler un très beau livre publié chez Glénat sous la direction d’Yves Mirodatos : Jean-Jacques Rousseau – Le sentiment et la pensée. Voyage en terre de paradoxe.
Comment faire le tour d’une « œuvre en mouvement », c’est le pari difficile tenu par Yves Mirodatos dans l’ouvrage qu’il a dirigé et qui retrace, à travers une pluralité de contributions captivantes, les contours d’un homme dont la singularité est la « marque de fabrique exclusive ».
Rousseau savoyard – c’est bien entre Rhône et Alpes qu’« un grand écrivain va naître » –, Rousseau en Dauphiné (articles de Mireille Védrine et Yves Mirodatos), qui se marie à Bourgoin et herborise comme un forcené sur le plateau de Paleysin, Rousseau et la capitale des Gaules, cette « ville de l’Europe où il règne la plus affreuse corruption » (article de Michael O’Dea), et partout « Le sentiment de la nature », malgré le fait que bien peu de pages dans son œuvre sont consacrées à la nature « naturelle »…
Après les chemins et détours de la géographie intime de Jean-Jacques, l’ouvrage aborde « les grandes passions » de Rousseau : la musique, à travers un article de François Jacob, les femmes, dans une contribution de Florence Lotterie, et puis l’homme des querelles philosophiques et morales, longuement contées par Jean Goldzink. Une plongée au cœur des forces et des fragilités de Rousseau, de ses haines, de sa véhémente intransigeance, qui firent souvent de lui un pourfendeur autant qu’un proscrit. La violence des conflits avec Diderot, Voltaire et Hume, déjà tout un roman…
La dernière partie de l’ouvrage fait la part belle aux grands livres de Rousseau : La Nouvelle Héloïse, véritable révolution romanesque en son temps et « plus de quatre-vingts éditions et contrefaçons jusqu’à la fin du XVIIIe siècle » ; Émile, et les vertus de « l’éducation négative » ; Le Contrat social, qui fait de Rousseau « Le philosophe citoyen » tel que le présente Robert Dumas ; Les Confessions, vues par Michael O’Dea, pour qui « peu de livres montrent aussi bien comment on peut à la fois subir l’attrait de la vie avec les hommes et enfin la refuser au nom de la pensée, de la justice et du rêve. »
Porté par une iconographie d’une étonnante richesse et d’une belle diversité, Jean-Jacques Rousseau – Le sentiment et la pensée apporte les lumières de sa synthèse, éclairant en profondeur cet « homme à paradoxes ».
Laurent Bonzon
Jean-Jacques Rousseau – Le sentiment et la pensée
Sous la direction d’Yves Mirodatos
Glénat, 2012
Collection « Beaux livres Patrimoine »
160 p., 39,50 €
ISBN 978-2-7234-8517-3