Le « citoyen » Rousseau :

Il a toujours suscité des réactions contradictoires : adulé par les uns, honni par les autres. L’homme n’est pas consensuel, mais il est aussi mal connu : Henri Bergson dit de lui : « Rousseau est par excellence l’homme que l’on discute sans le connaître ». Tentons alors de lui rendre cette justice, sans idolâtrie, de montrer les facettes d’une pensée panoramique.

Jean-Jacques Rousseau est tout d’abord un des plus grands écrivains de langue française. Autodidacte, il se construira son « magasin d’idées » en dévorant des ouvrages de littérature, de philosophie (dès 7 ans, il lit Plutarque), apprendra la géométrie, la chimie, la physique, l’astronomie, la musique, la botanique… Pour résumer la multiplicité de ses centres de réflexion, on peut, et la liste n’est pas complète, le qualifier ainsi :

  • un philosophe politique,

  • un philosophe de la religion,

  • un théoricien de la pédagogie,

  • un romancier,

  • un pionnier de l’autobiographie,

  • un précurseur de l’anthropologie (voir ce qu’ont dit de lui Claude Lévi-Strauss ou encore Jean Malaurie),

  • un compositeur et théoricien de la musique,

  • un amoureux de la nature, des paysages, un herboriste poétique. Au-delà de la simple promenade, il trouve dans la contemplation de la nature une formidable source de fulgurances intellectuelles qui inspireront la plus grande partie de son œuvre.

La richesse du personnage est, à bien des égards, en correspondance étroite avec les multiples facettes de la région Rhône-Alpes.

  • une région où la recherche universitaire est très active ;

  • une région où l’aménagement culturel du territoire est très abouti et où la politique en direction de tous les pôles de l’activité artistique et culturelle est très volontaire ;

  • une région où la politique environnementale et celle des territoires sont exemplaires (sept parcs naturels régionaux par exemple) ;

  • une région à la forte attractivité touristique (or, on ne sait pas toujours que, chaque année, Rousseau déplace aux Charmettes de nombreux touristes étrangers, américains et japonais pour la plupart).

Tout contribue à donner du sens et du contenu au tricentenaire de sa naissance en 2012.

L’espace concerné : Rhône-Alpes bien entendu, mais aussi Genève (étroite collaboration avec le comité d’organisation du tricentenaire), Turin, Dijon (avec l’Académie tout particulièrement), Montmorency (rencontre et projet partenarial avec le conservateur du Musée Jean-Jacques Rousseau et le Département de l’Oise). Mais il s’agit bien de faire en sorte que ce projet s’inscrive dans le cadre d’une commémoration nationale, d’où des contacts déjà établis, en collaboration avec la DRAC Rhône-Alpes, avec le cabinet du Ministre et avec la Délégation générale pour les commémorations.

Le temps de Rousseau : l’année 2012 avec trois temps forts :

  • l’ouverture, qui devrait avoir lieu à Chambéry, site des Charmettes ;

  • la date anniversaire le 28 juin ;

  • la clôture enfin, qui pourrait se dérouler à Lyon, siège de la Région et, signe symbolique, la dernière ville où Rousseau a séjourné avant un départ sans retour pour Paris, en juin 1770 (il meurt en 1778).

Mais il serait dommageable et réducteur de refermer l’album Rousseau le 31 décembre 2012, comme si l'on pouvait réduire cette commémoration à une entreprise de consommation culturelle. En termes de développement durable pour la culture, il serait important de laisser des traces pérennes de cette rencontre entre Rhône-Alpes et Jean-Jacques Rousseau : requalification des Charmettes, publications et éditions…

Les exigences :

  • une grande rigueur sur le fond : Rousseau est un homme complexe, voire paradoxal. Il faudra donc ne pas l’instrumentaliser, ne pas trahir cette complexité, précisément. Mais les projets, sur la forme, devront être le plus largement accessibles ;

  • un véritable projet de territoires : nous avons tous l’expérience des commémorations « plaquées ». La formidable opportunité de cette préparation très en amont de l’événement devrait permettre aux différents acteurs de l’année 2012 de véritablement se l’approprier.

Méthodes de travail et contacts

Un comité de pilotage a été constitué, composé de personnalités représentatives des territoires ainsi que des domaines concernés par cette commémoration. François Jacob, du comité d’organisation de Genève, y participe. Ce comité de pilotage est présidé par Farida Boudaoud, vice-présidente déléguée à la culture de la Région ; y siège également Alain Lombard, directeur régional des affaires culturelles.

La chargée de mission auprès de la Direction de la Culture de la Région, Eliane Baracetti, a pris soin de s’entourer de rousseauistes confirmés (Bruno Bernardi, François Jacob, Jean-François Perrin, Mickaël O’Dea…) pour éviter toute approximation et erreur d’interprétation.

La première année de la mission (2009) a consisté à rencontrer, informer, mobiliser de deux manières complémentaires :

  • en direction des territoires (élus, directeurs des affaires culturelles des huit villes-centres et des départements dans le cadre de réunions élargies à des acteurs locaux possibles) ;

  • dans l’ensemble des champs potentiellement concernés : les universités, le monde culturel (bibliothèques, évènements littéraires, spectacle vivant, audiovisuel, festivals, musées), les parcs naturels régionaux, le tourisme, le monde de l’éducation (soutien des deux Académies, constitution d’un petit groupe de travail pour préparer les projets de médiation culturelle à l’attention des enseignants puis des élèves).

Les contacts pris sont très nombreux, l’intérêt en général manifeste, et un certain nombre de projets commencent à émerger.

Cette année 2010 devrait donc être consacrée à préciser les projets, à les sélectionner, à définir un cadre budgétaire, mais également à entamer un travail de communication tout à la fois pour entretenir la flamme et pour permettre à chacun de connaître l’ensemble des propositions, de croiser les initiatives, d’éviter les « cannibalisations » de projets, les cloisonnements stériles.