Mot-clé - Bruno Bernardi

Fil des notes - Fil des commentaires

jeudi 09 février 2012

Ouverture de l'exposition "Rousseau et la Révolution"

RousseauEtlaRevolution.jpgÀ l'occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, l'Assemblée nationale organise, du 10 février au 6 avril 2012, l'exposition "Rousseau et la Révolution".

Issue du fonds de l'Assemblée nationale et de prêts consentis par la Bibliothèque nationale de France, le Musée Carnavalet, l'Institut de France (Abbaye de Chaalis), le Musée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency et la Bibliothèque de Genève, cette exposition organisée pour le tricentenaire de la naissance du philosophe, réunit pour la première fois un ensemble de documents uniques qui permet de restituer toutes les dimensions du Rousseau de la Révolution.

« L'homme est né libre, et partout il est dans les fers »
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, chapitre 1er (1762)

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, article 1er (1789)

Entre ces deux énoncés : une révolution.

La Révolution française plonge ses racines dans ce mouvement d'idées qui porte le beau titre de Lumières. Montesquieu, Voltaire, Diderot, Mably symbolisent sa diversité. Mais Rousseau y occupe une place singulière, centrale et dissidente à la fois, à laquelle répond celle, éminente entre toutes, que les acteurs de la Révolution lui ont reconnue.

N'avait-il pas annoncé dès 1762 (dans l'Émile) : « Nous approchons de l'état de crise et du siècle des révolutions » ? N'avait-il pas surtout contribué à transformer le sens de ce mot même de révolution, sous lequel seront pensées les transformations sociales, politiques, morales qui ont marqué la société moderne ?

Lire la suite...

mercredi 08 juin 2011

Rousseau, politique et esthétique

Rousseau, politique et esthétique
Sur la Lettre à d’Alembert


Ouvrage publié sous la direction de Blaise Bachofen et Bruno Bernardi

Lorsque l’article Genève paraît dans l’Encyclopédie, Rousseau publie une Lettre à d’Alembert sur son article Genève, réponse foisonnante et virulente qui traite aussi bien du clergé, des mœurs, de l’honneur, des lois, que des spectacles ou des divertissements qui conviennent au peuple genevois. Pourquoi prend-il ces questions tellement à cœur ?

En dépit de ses origines genevoises revendiquées, on ne lui a pas confié la rédaction de l’article. D’Alembert, en s’en chargeant personnellement, sait qu’il attise une polémique. Son Discours préliminaire de l’Encyclopédie visait déjà à réfuter le Discours sur les sciences et les arts. L’article sur Genève présente la cité calviniste comme un exemple de liberté politique et religieuse mais critique des restes d’obscurantisme que la lumière philosophique doit dissiper : il suggére des réformes, notamment la levée de l’interdiction d’un théâtre permanent. D’Alembert imagine ce qu’il nomme une « cité philosophe », où fleuriraient à la fois la liberté de la république et les raffinements culturels des grandes monarchies. Or ce projet résume tout ce que Rousseau, depuis le premier Discours, dénonce comme une illusion. Sa Lettre approfondit la démonstration : le théâtre comme école de l’hypocrisie, le bel esprit, la civilité telle qu’on la conçoit à Paris sont inconciliables avec les mœurs de véritables citoyens. Ses thèses sur les spectacles ne sont qu’un aspect de sa réflexion sur la modernité : à quelles conditions la république est-elle possible ? Comment lier adéquatement morale, esthétique et politique ?

Les études réunies dans ce volume éclairent les enjeux et les logiques complexes d’un texte que son auteur, alors malade et croyant vivre ses derniers jours, a rédigé comme s’il devait s’agir de son testament philosophique.

______________________________

À paraître en septembre 2011

ENS ÉDITIONS
École normale supérieure de Lyon
La croisée des chemins
256 pages - Broché - 14 x 22
ISBN 978-2-84788-306-0
25 euros

Lire la suite...

lundi 19 juillet 2010

Pourquoi lire le Contrat social aujourd'hui ?

Chambéry, 28 juin 2010
Bruno Bernardi

Ce texte, prononcé le 28 juin 2008 lors de la journée Rousseau organisée par la Région Rhône-Alpes à l’espace André Malraux de Chambéry, est extrait d’une contribution plus étendue publiée en juillet 2010 par le Nouvel Observateur dans un numéro hors-série consacré à l’actualité de Rousseau.
    
          Le Contrat social est l’œuvre la plus célèbre de Rousseau. En tout cas celle qui contribue le plus à sa présence dans notre vie publique, notamment par les idées de souveraineté du peuple, de volonté générale et la conception de la loi qui lui sont associées. Ces idées lui ont valu d’entrer au Panthéon en figure tutélaire de la République, comme le représentant en politique de l’héritage des Lumières. Mais cette identification est à double tranchant. Le Contrat social, souvent invoqué mais peu lu, est traité comme une œuvre canonique mais pour cela même désuète. Est ainsi fait obstacle à la reconnaissance de ce qui, après avoir fait sa singularité en son temps, peut faire sa pertinence pour le nôtre.

Lire la suite...