mercredi 08 juin 2011

Rousseau, politique et esthétique

Rousseau, politique et esthétique
Sur la Lettre à d’Alembert


Ouvrage publié sous la direction de Blaise Bachofen et Bruno Bernardi

Lorsque l’article Genève paraît dans l’Encyclopédie, Rousseau publie une Lettre à d’Alembert sur son article Genève, réponse foisonnante et virulente qui traite aussi bien du clergé, des mœurs, de l’honneur, des lois, que des spectacles ou des divertissements qui conviennent au peuple genevois. Pourquoi prend-il ces questions tellement à cœur ?

En dépit de ses origines genevoises revendiquées, on ne lui a pas confié la rédaction de l’article. D’Alembert, en s’en chargeant personnellement, sait qu’il attise une polémique. Son Discours préliminaire de l’Encyclopédie visait déjà à réfuter le Discours sur les sciences et les arts. L’article sur Genève présente la cité calviniste comme un exemple de liberté politique et religieuse mais critique des restes d’obscurantisme que la lumière philosophique doit dissiper : il suggére des réformes, notamment la levée de l’interdiction d’un théâtre permanent. D’Alembert imagine ce qu’il nomme une « cité philosophe », où fleuriraient à la fois la liberté de la république et les raffinements culturels des grandes monarchies. Or ce projet résume tout ce que Rousseau, depuis le premier Discours, dénonce comme une illusion. Sa Lettre approfondit la démonstration : le théâtre comme école de l’hypocrisie, le bel esprit, la civilité telle qu’on la conçoit à Paris sont inconciliables avec les mœurs de véritables citoyens. Ses thèses sur les spectacles ne sont qu’un aspect de sa réflexion sur la modernité : à quelles conditions la république est-elle possible ? Comment lier adéquatement morale, esthétique et politique ?

Les études réunies dans ce volume éclairent les enjeux et les logiques complexes d’un texte que son auteur, alors malade et croyant vivre ses derniers jours, a rédigé comme s’il devait s’agir de son testament philosophique.

______________________________

À paraître en septembre 2011

ENS ÉDITIONS
École normale supérieure de Lyon
La croisée des chemins
256 pages - Broché - 14 x 22
ISBN 978-2-84788-306-0
25 euros

Lire la suite...

vendredi 27 mai 2011

Chambéry sans Jean-Jacques Rousseau ?

ChamberySansJJR.jpgLes Guides-conférenciers de Chambéry viennent de publier un ouvrage sur Rousseau à Chambéry, écrit par François Juttet et préfacé par Jean-Pierre Ruffier.

Ce livre de 150 pages évoque le séjour de l'écrivain entre les années 1731 et 1742. Un itinéraire dans la ville permet de replacer les différentes personnes de l'époque rencontrées par Rousseau. La Maison des Charmettes est présentée à travers une riche iconographie.
Le titre fait référence au texte de Lamartine extrait de Raphaël.
 
« Nous voulions, avant de quitter Chambéry et sa chère vallée, aller visiter ensemble la petite maison de Jean-Jacques Rousseau et de madame de Warens, aux Charmettes. Un paysage n'est qu'un homme ou une femme.  Qu'est-ce que Vaucluse sans Pétrarque ? qu'est-ce que Sorrente sans le Tasse ? qu'est-ce que la Sicile sans Théocrite ? qu’est-ce que le Paraclet sans Héloïse ? qu'est-ce qu'Annecy sans Madame de Warens ? qu'est-ce que Chambéry sans Jean-Jacques Rousseau ? ciel sans rayons, voix sans échos, sites sans âmes. L’homme n’anime pas seulement l’homme, il anime toute une nature. Il emporte une immortalité avec lui dans le ciel, il en laisse une autre dans les lieux qu’il a consacrés. En cherchant sa trace, on la retrouve et l’on converse réellement avec lui. »

Alphonse de Lamartine (Raphaël, pages de la vingtième année - 1849)

Les Guides-Conférenciers
71, rue Saint-Réal
73000 Chambéry

mardi 12 avril 2011

Jean-Jacques Rousseau à 20 ans, de Claude Mazauric

Un impétueux désir de liberté

À la veille des commémorations officielles du tricentenaire de la naissance de Rousseau dès juin 2011 à Genève, en Savoie, à Lyon, Paris et partout en Europe, le récit de sa jeunesse aventureuse au siècle des lumières :
le roman de formation d’un homme dont la pensée rayonne toujours sur le monde.



Au diable vauvert
Parution 27 avril 2011
Comment devient-on l’un des plus grands philosophes du Siècle des Lumières, l’un de ceux qui ont rendu possible la Révolution française, un précurseur du  romantisme et de la démocratie ?
On s’attend à ce que Rousseau ait reçu l’éducation nécessaire à l’élaboration de sa prodigieuse culture et de ses réflexions. Pas du tout ! Durant son adolescence, Rousseau s’est formé à travers une aventure intellectuelle, vagabonde et multiple.
Né en 1712 à Genève, il est élevé de façon désordonnée par un père fantasque, né d’horlogers genevois, qui, contraint de fuir Genève, y abandonne son fils de 12 ans à un oncle, puis à un pasteur. Jean-Jacques fait la découverte de la nature, du latin, de la religion et connaît là ses premiers émois. Mais à peine âgé de 14 ans, il lui faut apprendre un métier. Apprenti chez un graveur sévère, il préfèrera s’enfuir et tenter sa chance sur les routes de la Savoie voisine. Seul, sans argent, sans ami, sans appui, que peut-il devenir ?
Il abjure sa religion réformée et se convertit à la religion catholique romaine. Il y gagnera l’aide et la protection de Mme de Warens, de quinze ans son aînée, qu’il appellera "Maman" et sera son amante. Auprès d’elle, il va parfaire son éducation par les lectures, la musique, la discussion, l’apprentissage des savoirs. Deviendra-t-il prêtre, maître de musique, précepteur, diplomate, écrivain ? Il s’essayera à ces différentes carrières mais ne poursuit qu’un but : s’instruire de tout, apprendre toujours, y compris dans les sciences et la philosophie, pour mieux connaître les autres, pour mieux se connaître lui-même.

Lire la suite...

lundi 11 avril 2011

Rousseau, le sentiment et la pensée

Les éditions Glénat feront paraître, en janvier 2012, un beau-livre, dirigé par Yves Mirodatos, intitulé "Rousseau, le sentiment et la pensée". Les textes de contributeurs experts seront accompagnés d'une abondante iconographie. Un livre destiné à un public curieux, mais non savant, qui devrait donner goût à l'année Rousseau... En voici les grandes lignes.

Avant-propos 

Lire Rousseau aujourd’hui (Yves Mirodatos)

Ce portrait liminaire montrera un Rousseau « homme à paradoxes », non « à préjugés », philosophe majeur et ennemi des « Philosophes » des Lumières, contempteur du genre romanesque et auteur d’un des plus grands romans de son siècle, ami du genre humain et hanté par le sentiment d’un complot universel, etc. Pourquoi lire Rousseau aujourd’hui ? non pour y trouver des réponses aux problèmes politiques, écologiques, moraux, etc. qui se posent à nous, mais pour les penser à la lumière d’une réflexion extraordinairement déliée qui a abordé tous les domaines et pour redécouvrir un grand écrivain finalement méconnu, hormis quelques pages canoniques.


Vivre, sentir, écrire

 * Parcours entre Rhône et Alpes (Mireille Védrine, conservateur du musée des Charmettes)

Il s’agira d’une promenade historique et géographique sur les traces de Jean-Jacques dans notre région, pour une approche sensible, dans le paysage naturel et urbain, d’un homme dont la vie et l’œuvre sont indissociables. Les Confessions, les Rêveries accompagneront ce parcours d’un grand marcheur et botaniste passionné à ses heures.

* Rousseau à Lyon (Michael O’Dea, professeur émérite à l’Université Lyon 2 – Commissaire de l’exposition « Jean-Jacques Rousseau, entre Rhône et Alpes » à la bibliothèque municipale de Lyon)

Le sentiment de la nature  et l’invention de la montagne (Yves Mirodatos)

Pour les lecteurs d’aujourd’hui, il faut comprendre comment le « sentiment », chez Rousseau, permet une saisie du monde et de soi, une émotion vraie au contact de la nature, qui, de plus, entre en résonance avec notre sensibilité inquiète du devenir de ce monde menacé, précieux patrimoine à la conservation duquel, sans anachronisme, Rousseau peut nous amener à veiller. Préfigurant le romantisme, il « invente » la montagne dans les récits fameux de ses expéditions ou dans son grand roman, renouvelant la perception souvent « horrible » que l’âge classique s’en faisait. Ce sera l’occasion de voir comment Rousseau percevait idéalement la vie des montagnards, voire des « montagnons »

Lire la suite...

jeudi 03 mars 2011

Politique du renonçant : le dernier Rousseau (des Dialogues aux Rêveries), de Jean-François Perrin


Paris : Editions Kimé,
Coll. "Détours littéraires", 2011.
EAN 9782841745463. Prix : 30 €

Présentation

Il arrive qu'un auteur croie avoir raté une oeuvre. Il arrive que le temps dévoile le génie de cet échec. C'est sans doute ce qui se révèle pour nous à l'égard de Rousseau juge de Jean-Jaques (1772-1776) : car s'il y a quelque chose d'intenable dans la stratégie énonciative compliquée de ce texte, c'est que Rousseau y affronte l'impéritie des formes disponibles, relativement à ce qu'il entend saisir de lui-même comme un autre dans le ressassement de la rumeur – soit le jugement de l'opinion publique à l'époque de sa coagulation historique. Si nous voulons saisir ce qui dans ce texte nous concerne aujourd'hui, nous devons nous rappeler que, pour leur auteur, rien de ce qui touche aux moeurs des nations n'échappe à la dimension du politique ; or si « trouver une forme qui exprime le gâchis » (Beckett) s'avère la tâche de l'artiste, tout essai authentique dans cette direction s'ouvre à l'épreuve de l'informe. Cependant la défaite recèle des trésors : lucidité du renonçant, privilège du silence et de la sécession. L'expérience du Promeneur solitaire s'ancre là où la perte vertigineuse de la communauté est radicalement convertie en savoir tragique de l'humain, savoir à la fois sans âge (celui du gnôthi seautón) et moderne absolument (Rousseau fut la conscience critique des Lumières). Car si le détachement radical à l'égard des autres est bien une donnée irréductible et fondatrice de la situation d'écrire-vivre, l'entreprise de connaissance de soi rencontre néanmoins à sa source la question du rapport à autrui, de sa genèse, de sa transformation. La réactivité du dernier Rousseau à ce reflux vers son oreille de sa pensée désormais médiatisée, son attention à ce qui par là lui vient comme son propre inconnu (fût-il dénié sous les espèces de la défiguration), signalent finalement que l'entreprise ne se soutient que d'inscrire et de réfléchir une écoute profonde des logiques régissant le discours public – par où l'écriture se fait sismographe d'une époque où se profile la nôtre.

Lire la suite...

- page 4 de 5 -