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L'association l'Oeil (Observatoire de l'Écriture, de l'Interprétation littéraire et de la lecture) a pour but de favoriser la recherche et la réflexion théorique en organisant des rencontres à Chambéry et en Savoie entre les écrivains et leurs lecteurs.
Depuis 2006, chaque saison de l'Oeil comporte une journée ou même un colloque sur l'oeuvre de Jean-Jacques Rousseau. L'association publie, sur son site, des comptes-rendus des communications (voir les textes consacrés à Rousseau).
Le 13 novembre 2010, l'Oeil organisait une rencontre sur Rousseau et la musique avec Michaël O'Dea, Anne-Marie Mercier, Pierre Saby et le groupe Cambéria.

Rousseau compositeur, théoricien et pédagogue de la musique

          Entre 1745 et 1750, Rousseau jeta les bases d’une pensée du musical, profondément fondée aux plans linguistique et anthropologique et qui renverse, au plan esthétique, ses engouements premiers pour la musique française (Lettre sur l’opéra français et italien, inachevée) et se construit progressivement comme système rigoureusement antagonique de celui de Rameau, lequel l’avait humilié lors de l’exécution de fragments de son opéra-ballet Les Muses galantes chez Leriche de La Pouplinière (Confessions, II, Livre septième).

 Au plan de la théorie acoustique, l’opposition se fonde sur la manière de discriminer entre bruit et son. Pour Rameau (et Diderot), le son musical, contrairement au bruit, n’existe que dans la complexité verticale de la résonance harmonique. Pour Rousseau, la résonance harmonique ne participe en rien de la définition théorique du son, pensé surtout comme entité simple, appréciable et discrète, et c’est en revanche le bruit qui est compris comme complexe, en ce sens qu’il serait un amas, un trop plein de sons. La science et la richesse harmoniques de la musique française, spécialement ramiste, la complexité des accompagnements d’orchestre (voire le manque de naturel du chant alla francese) deviennent donc pour lui des tares congénitales, liées au caractère a-musical de la langue, lequel pousse, en quelque sorte, les musiciens français à des excès sonores de nature compensatoire particulièrement néfastes à l’expression (articles « Musique » dans l’Encyclopédie, « Accompagnement », « Expression », « Imitation », « Harmonie », « Mélodie », « Son » dans le Dictionnaire de Musique). Autour des idées de simplicité et de naturel s’articule tout le système rousseauiste, et sur ces critères s’appuie sa louange du style des musiciens italiens, spécialement dans le domaine de l’opéra bouffon et de ses pratiques (Lettre sur la musique française, 1753).