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                                        Appel à communications Rousseau 2012

                                   L’émancipation par le droit, entre utopie et projet
                                       Jean-Jacques Rousseau XVIIIe-XXIe siècles

                                                              
                            Colloque international CDPPOC/Faculté de Droit et d’Economie
                                                              Université de Savoie
                                                              24-25 octobre 2012

                       « C’est à la loi seule que les hommes doivent la justice et la liberté »
                          (Economie (morale et politique), tome V de l’Encyclopédie, 1755)

          Si l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau résonne encore souvent jusqu’à nous, c’est aussi et peut-être d’abord par le regard que celui-ci porta sur les fondements, les instruments et la destination du droit. Droit « libérateur », ou plus exactement droit garant et porteur de la seule vraie liberté, la conception rousseauiste d’un ordre normatif démocratique interroge en effet tant l’extension que l’intensité des attentes dont le droit peut se trouver investi.
          De fait les perspectives ouvertes par Rousseau dès ses premiers textes - reprises et prolongées notamment par Emmanuel Kant dans sa Doctrine du droit (1797), et plus récemment par John Rawls et Jürgen Habermas - n’ont cessé depuis près de trois siècles de susciter démentis féroces et adhésions passionnées.
          Au plus près de certains des lieux déterminants de sa formation et de son expérience, le présent colloque pluridisciplinaire et international voudrait inviter à revisiter de manière comparée Rousseau comme « penseur du droit », en particulier dans sa capacité à constituer, sur le long terme, tant par la réappropriation que le rejet, le point d’ancrage de réflexions et de pratiques juridiques à la fois délibérément prospectives, voire « utopiques », en même que résolument concrètes et appliquées.
          Les grandes préoccupations de Rousseau croisent en effet certains des chantiers les plus ouverts des ordres normatifs contemporains : libertés collectives, pratiques éducatives, différentiels de richesses, propriétés et biens communs, consentement, dignité des personnes. Au-delà d’un système ambitieux de réponses, le legs de Rousseau apparaît ainsi peut-être d’abord comme celui d’un ensemble de questionnements, une alchimie complexe d’audace politique et de souci de cohérence institutionnelle dont le cheminement semble rétrospectivement indissociable de la construction des Etats de droit et de la réflexion démocratique moderne, qu’il s’agisse de l’émancipation de l’humanité toute entière, des droits humains fondamentaux, ou de la libération des servitudes.
          Simple héritage refroidi ou matière toujours irradiante, en d’autres termes à quels titres, et pour quels usages, est-il pertinent pour les juristes de lire Rousseau aujourd’hui ?