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Chambéry (73), Espace Malraux, 20 janvier  2011 (puis Saint-Étienne, 24 janvier ; Lyon, 8 février) : Création des Rêveries de Philippe Hersant, direction musicale Bernard Tétu. 2012 année Rousseau, Rhône-Alpes et Suisse
 

par  Dominique Dubreuil
                                               

Tricentenaire de naissance en 2012 pour Jean-Jacques, alias le Citoyen de Genève…. Non seulement parce que Rousseau compositeur laissa un Devin du Village, mais (surtout) parce que son apport d’écrivain à la musique de la pensée demeure essentiel, un Quatuor (compositeur, chef, metteur en scène, plasticien) imagine autrement les Rêveries du Promeneur Solitaire, Philippe Hersant transférant lui-même les 12 Promenades du côté d’un autre immense rêveur du romantisme, Friedrich Hölderlin…

Jean-Jacques en sa barque-pensoir

« J’allais me jeter seul dans un bateau que je conduisais au milieu du lac, et je me laissais aller et dériver lentement au gré de l’eau, plongé dans mille rêveries confuses mais délicieuses… J’allais volontiers au bord du lac sur la grève dans quelque azyle caché ; le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens me plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque courte et faible réflexion sur l’instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m’offrait l’image ; mais bientôt ces impressions légères s’effaçaient dans l’uniformité du mouvement continu qui me berçait… »

Ceux qui tiennent la 5e Rêverie du Promeneur Solitaire pour l’un des plus hauts lieux de la musique ont parfois même « essayé » de se placer en « situation ressentie » par Jean-Jacques à l’île du lac de Bienne. Ils savent que parmi les plus grands musiciens de la langue française prennent évidemment place Racine – somptueux minimalisme classique – et à l’inverse ultérieur, Lamartine, Chateaubriand et Hugo – dans le débordement alangui, orchestré ou visionnaire qui caractérise chacun d’entre eux-… Mais que Rousseau demeure sans égal, Devin de Village Planétaire Artistique, et pas seulement parce qu’il aurait su les rudiments de l’agencement des sons … Avant tout par sa prescience de ce « flux et reflux » qui caractérise la langue, et qu’il manie comme si chaque inspiration de phrase, de récit, de « symphonie » était l’éveil au monde – sur la barque de Bienne (5e Promenade, donc), ou quand il renaît après l’évanouissement causé par l’agression du « gros chien danois de Ménilmontant » (2e Promenade)…

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