Jean-Jacques Rousseau, par Michel Raskine
Par administrateur le mardi 18 janvier 2011, 16:43 - Arts vivants
Nous évoquions ici en mai dernier la série des spectacles de William della Rocca, Jean-Jacques, créés à partir des 12 livres des Confessions jusqu'en juin 2012, qui sera donné dans un rapport d'intimité avec le public dans de nombreuses bibliothèques.
Un autre spectacle, créé en 2008 au Théâtre du Point du Jour par Michel Raskine et joué à Villeneuve-lez-Avignon en juillet dernier, Jean-Jacques Rousseau, sera également en tournée dans plusieurs théâtres de la région. Michel Raskine met en scène, sur un montage de textes de Jean-Jacques Rousseau conçu par Bernard Chartreux et Jean Jourdheuil, un portrait en forme d'essai du célèbre écrivain. Créé en 1978 par les auteurs au Petit Odéon à Paris, ce spectacle insolite et brillant avait connu un franc succès lors de ses 40 représentations puis lors d'une longue tournée aux quatre coins de la France.
En juin 2007, Michel Raskine présentait son projet :
"Trente années après sa naissance à la scène, la figure provocatrice de "Jean-Jacques" et sa belle prose rageuse nous ravissent et nous stimulent toujours.
C'est à ce même drôle de bonhomme, désormais narrateur de sa propre littérature, étudié jadis à l'école ou relu depuis, chéri des uns ou détesté des autres, méconnu ou mal connu, que nous souhaitons rendre vie à notre tour.
Ainsi, du réveil au sommeil, l'actrice Marief Guittier (dans le rôle de Jean-Jacques Rousseau) avec le technicien Bertrand Fayolle (dans le rôle du jeune Bertrand), seuls en scène, s'adresseront à une petite centaine de spectateurs, pas plus, qui assisteront, confortablement assis dans des canapés "d'époque", à une journée d'été à la campagne en compagnie de "Jean-Jacques".
Quelques pages arrachées aux Rêveries du promeneur solitaire, aux Confessions et à La Lettre à d'Alembert, dessineront, durant une heure de temps, en forme de monologue, le portrait fragmenté d'un "héros" de la littérature française."
Le critique Philippe Chevilley (Les Echos) qui a assisté à la pièce au Théâtre 71 de Malakoff, nous en parle :
"[...] Un joyau de 1h10 à peine qui, entre Lettre (à d'Alembert), Rêveries et Confessions, font chatoyer la pensée libre et révoltée du philosophe. Actrice absolue, Marief Guittier est Jean-Jacques et Rousseau à chaque mot, geste et silence : vieil homme tour à tour fatigué et malicieux, penseur en colère contre lui-même et les hommes. Lui-elle bondit de son canapé, s'invite dans le public, déclame sur les planches en fond de scène, virevolte sur le tapis vert à ses pieds, carré comme un ring, boxe les idées reçues. Un match philosophie-théâtre : Rousseau malmène le buste de Molière, qui a préféré divertir les hommes, les réconforter, plutôt que les révolter. Lui-elle est le Misanthrope, sans le rire, l'homme blessé, incompris, tendre pour un monde qui le désespère.
Dirigée au cordeau par Michel Raskine, avec ce sens de la respiration, du gros plan fulgurant et du clin d'oeil décalé qui déstabilise le public et le tient en haleine, Marief Guittier nous promène dans les rêveries de Jean-Jacques, nous fait partager ses colères et caprices - les scènes du café (avec ou sans sucre...) ou des cerises à l'eau-de-vie sont un must-, nous fait revivre ses derniers feux avec panache. Laissée seule à la fin par son secrétaire, à la lumière d'un chandelier et des petites étoiles qui s'allument au-dessus du ring, elle nous guide, magnifique, jusqu'au bout de la nuit de sa pensée profonde [...]".
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