vendredi 10 février 2012

Jean-Jacques Rousseau ou l'esprit de solitude, de Georges-Arthur Goldschmidt

JJRousseauouLEspritdeSolitude.jpgComment lire Rousseau ? La réponse à une telle question exige que l'on passe outre à certaines pudeurs, en tout cas que l'on rompe certains silences qui arrangent assurément tout le monde mais qui font offense à la vérité. Rousseau lui-même tient à nous faire savoir qu'il se risque en terrain scabreux. Il forme, dit-il, une entreprise « qui n'eut jamais d'exemple ». Non qu'avant lui personne ne se soit raconté. Mais personne n'avait osé dévoiler cet irracontable que chacun pourtant héberge en soi, noyau de notre « je » en même temps que clé du « moi universel ». À cet égard, sa tentative entend instaurer un nouveau type de rapport humain, débarrassé de la pesanteur de la norme, exclusivement fondé sur la confession de la singularité. Confession surtout d'une solitude qu'il devient enfin possible d'assumer, dans la mesure où elle se révèle comme le seul point de rencontre authentique avec autrui.

Georges-Arthur Goldschmidt nous livre ici une nouvelle édition révisée de sa lecture de Rousseau, initialement publiée en 1978 - premier jalon d'un parcours critique qui l'a mené de Molière à Freud puis à Kafka, et dernièrement dans les pas du héros de Karl Philipp Moritz (En fond de vie : Anton Reiser, Cécile Defaut, 2011). Plus de trente années de lectures, de traductions et de récits, d'Un corps dérisoire (récemment réédité aux PUL) à L'Esprit de retour (Le Seuil, 2011), et autant de voies pour « écrire sa vie », comme le souligne Lionel Bourg dans sa préface : « On ne l'ignore pas, l'oeuvre de Goldschmidt s'inscrit dans le registre inclassable que Rousseau défricha. »

Georges-Arthur Goldschmidt s'est vu décerner le Prix France Culture 2004 pour Le Poing dans la bouche et le Prix Breitbach 2005 pour l'ensemble de son œuvre. Il a fait reparaître aux  PUL en 2011 les premiers jalons de son travail autofictionnel, Un corps dérisoire (1. L’Empan; 2. Le Fidibus).


Goldschmidt Georges-Arthur
Jean-Jacques Rousseau ou l'esprit de solitude
Nouvelle édition révisée par l'auteur
Préface inédite de Lionel Bourg
184 p. - 16 € - 2012
ISBN : 978-2-7297-0849-8

mardi 17 janvier 2012

Jean-Jacques Rousseau en 2012 : puisqu'enfin mon nom doit vivre

JJRousseau2012.jpgDepuis cinquante ans, l’étude de l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau s’est diversifiée et renouvelée de façon remarquable.
Ce recueil, édité par les SVEC (Studies on Voltaire and the Eighteenth Century) de l'Université d'Oxford (Voltaire foundation), sous la direction de Michael O'Dea, rassemble les contributions de treize spécialistes de Rousseau. Venus d’horizons disciplinaires divers, ils présentent leur réflexion la plus récente, tantôt en revenant sur un écrit fondamental de l’auteur, tantôt en éclairant des aspects peu connus de son œuvre, tantôt en proposant une interprétation d’ensemble de son parcours exceptionnel. Rousseau et l’amitié, Rousseau copiste de musique, Rousseau et l’opinion publique, la difficile appropriation du premier tome des Confessions par les partisans du philosophe : les sujets abordés sont d’une grande richesse.
Le volume offre au lecteur une série de nouvelles perspectives sur un auteur et un œuvre inépuisables. A l’orée de l’année Rousseau 2012, il intéressera tous ceux qui veulent connaître les dernières évolutions de la critique, qu’ils soient littéraires, philosophes ou musicologues. Le nom de Jean-Jacques Rousseau vit encore.

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jeudi 12 janvier 2012

Rousseau : ses itinérances entre Rhône et Alpes, de René Bourgeois

LeDauphine.jpgSi, chez Victor Hugo, Gavroche se fait tuer sur les barricades : "C'est la faute à Rousseau !" les oeuvres de combat que l'on connaît tous, ses Discours, où il pose les bases de sa philosophie politique, le Contrat social, l'Émile, où il renouvelle la pédagogie et plaide pour une religion naturelle, n'ont été possibles que par l'expérience des trente premières années de sa vie passées dans les Alpes et dont le récit forme une partie des Confessions.
À Genève, où il est né en 1712, il est un enfant sensible aux moindres marques de "tyrannie" et d'injustice de ses maîtres, et devient un "citoyen récalcitrant" se dressant contre les contraintes d'un apprentissage qui lui font quitter la ville de Calvin et embrasser le catholicisme. En Savoie, à Turin comme à Annecy, il fait ses premiers pas dans un monde pittoresque où il côtoie des personnages de toutes conditions, petit peuple ou bourgeois aisés, ecclésiastiques, nobles
et même aventuriers douteux. Ses errances le conduisent à nouveau en Suisse et à Lyon, mais c'est à Chambéry qu'il va compléter sa formation intellectuelle et musicale : aux Charmettes, il connaît avec Mme de Warens le "court bonheur de [sa] vie". À ces riches années passées dans les Alpes, le proscrit joindra plus tard un séjour de deux ans en Dauphiné.

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mardi 27 décembre 2011

Sur les traces du « promeneur solitaire »


Sur les traces du « promeneur solitaire »

Itinéraires Rousseau en Rhône-Alpes, Piémont et Suisse romande

Un ouvrage à paraître le 20 janvier aux éditions LivresEMCC

Le contexte
Rousseau_ado.jpgL’année 2012 sera marquée par la célébration du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, né à Genève le 28 juin 1712. D’ores et déjà, en raison de la personnalité du philosophe et de l’écho que son œuvre peut rencontrer dans notre société, cette célébration s’annonce comme une des plus intenses et mobilisatrices de ce début de siècle.

Or, si Rousseau est né genevois et a passé son enfance et son adolescence dans la cité de Calvin, il a vécu au total pas moins de seize ans dans l’actuelle région Rhône-Alpes – pour l’essentiel, les années pendant lesquelles, jeune adulte, il se constitue, selon ses propres termes, son « magasin d’idées ». La quasi-totalité des départements qui composent aujourd’hui la région sont ainsi liés à un moment ou à un autre de sa vie : c’est à Annecy qu’en 1728 il rencontre madame de Warens ; à Chambéry que, quelques années plus tard, il partage avec elle la maison des Charmettes (1736-1737) ; à Lyon qu’il devient le précepteur des enfants de monsieur de Mably (1740-1741) et rencontre, une vingtaine d’années plus tard, Claret de la Tourette ou l’abbé Rozier, éminents botanistes de l’époque ; à Bourgoin qu’il « épouse » Thérèse Levasseur (1768) et à Maubec qu’il termine la rédaction des Confessions ; dans les massifs de la Grande-Chartreuse et du Pilat qu’il herborise (1768-1769)…

Aux frontières de Rhône-Alpes, Turin – où le jeune Jean-Jacques, à l’instigation de madame de Warens, se convertit au catholicisme mais où il fait surtout l’apprentissage de la condition de laquais – et la Suisse romande – où il part se réfugier après le scandale provoqué par la publication de l’Émile et du Contrat social (1762-1765) – constituent également des territoires de première importance dans la vie de Rousseau.

Descriptif, objectifs et publics visés
L’idée centrale du projet éditorial consiste à mieux faire connaître la vie et l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau à travers la publication d’un ouvrage consacré à douze villes ou territoires arpentés, dans l’espace transfrontalier qui associe la région Rhône-Alpes au Piémont et à la Suisse romande, par l’écrivain-philosophe.

Les publics visés sont aussi bien :
- le grand public, notamment les habitants vivant à proximité des sites choisis ;
- les lycéens ou collégiens ;
- les touristes francophones.

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jeudi 22 décembre 2011

Je suis... Jean-Jacques Rousseau par Odile Nguyen-Schoendorff

jesuis.gifA l’occasion du tricentenaire de Jean-Jacques Rousseau et dans le cadre de la collection Je suis..., Jacques André éditeur vient de publier un ouvrage d’Odile Nguyen-Schoendorff, intitulé Je suis...Jean-Jacques Rousseau, illustré par Max Schoendorff et Yves Neyrolles.

Le projet
Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève, reste une des figures les plus illustres du Siècle des Lumières et de toute l'histoire de la pensée. Ecrivain, musicien, et surtout immense philosophe, il est sans conteste le penseur auquel la Révolution française doit le plus.
La richesse de sa vision du monde en fait pourtant un auteur rebelle à toute classification. Le caractère paradoxal et parfois déconcertant de ses écrits a même entraîné de nombreux contre-sens. Beaucoup, à l'exemple de Voltaire, l'accusent de vouloir nous faire " marcher à quatre pattes ", en font un misanthrope, un nostalgique, un passéiste, rêvant d'un " âge d'or " et regrettant " l'état de nature " et " le bon sauvage ".
Or, Rousseau renonce à ce rêve avec lucidité, évoquant dans " la lettre à M. de Beaumont " : " cet état de nature qui n'existe pas, qui n'existera jamais, et qui n'a probablement jamais existé. "
Qu'il herborise, se livre à de mélancoliques confessions, critique la dégradation des moeurs entraînée par un progrès aveugle des sciences et des techniques, qu'il déplore les injustices et l'iniquité de la monarchie absolue, ne l'empêche nullement, au contraire, d'être un penseur de l'avenir, un visionnaire confiant en la perfectibilité humaine, épris d'égalité, un des fondateurs de la démocratie.

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