lundi 07 mai 2012

Rousseau d’hier et d’aujourd’hui

Sentiment-pensee.jpgQui se cache derrière « le grand homme » ? C’est ce que cherche à dévoiler un très beau livre publié chez Glénat sous la direction d’Yves Mirodatos : Jean-Jacques Rousseau – Le sentiment et la pensée. Voyage en terre de paradoxe.

Comment faire le tour d’une « œuvre en mouvement », c’est le pari difficile tenu par Yves Mirodatos dans l’ouvrage qu’il a dirigé et qui retrace, à travers une pluralité de contributions captivantes,  les contours d’un homme dont la singularité est la « marque de fabrique exclusive ».

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vendredi 30 mars 2012

Jean-Jacques Rousseau et la musique des langues

essai-origine-langues.jpg.jpgUne belle réédition à La Passe du vent de L’Essai sur l’origine des langues, complément indispensable du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Avec une préface d’Abraham Bengio.
 
L’Essai sur l’origine des langues, où il est parlé de la Mélodie, et de l’imitation musicale (ne surtout pas perdre de vue la queue du titre…) que vient de rééditer la Passe du vent n’est pas le plus connu des textes de Rousseau ; il a pourtant été commenté par les plus grands. Starobinski, qui le lut et le lia avec le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes dans son magistral Jean-Jacques Rousseau : La transparence et l’obstacle. Derrida, qui en fit l’un des piliers de son fameux De la grammatologie à la fin des années soixante. Voilà qui en dit plus long que le plus long des discours sur la portée symbolique d’un essai qui ne fut publié pour la première fois qu’en 1781 – Rousseau est mort trois ans auparavant.

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mardi 13 mars 2012

Rousseau et l'utopie, d'Antoine Hatzenberger

RousseauetUtopie.jpgCet ouvrage porte, dans une première partie, sur le contexte de la réception de l’utopie au XVIIIe siècle (en particulier dans l’Encyclopédie) et sur les diverses critiques de l’utopisme rousseauiste jusqu’à nos jours ; dans une seconde partie, sur les sources, les formes, les lieux et la méthode de l’utopie dans l’oeuvre de Rousseau ; dans une troisième partie, sur la dimension cosmotopique de sa philosophie politique. Une telle relecture, qui prend en compte les marges du corpus rousseauiste (notamment Les Solitaires ou Le Nouveau Dédale), fait apparaître qu’invitant à revisiter les non-lieux de l’utopie, la cartographie rousseauiste dessine les linéaments d’un utopisme critique, et qu’au-delà des principes et des limites de l’État insulaire (tel que le présente le Projet de constitution pour la Corse) se pose aussi chez Rousseau le problème de l’utopique dans le cadre des relations internationales. Au croisement des études rousseauistes et de l’utopologie, cette étude des thèmes et des modèles utopiques au siècle des Lumières (de Voltaire à Kant) révèle une composante importante de l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau et permet de ressaisir un moment de transition entre l’âge classique du genre utopique et les utopies modernes.

Ancien élève de l’ENS de Fontenay-St-Cloud, agrégé, docteur en philosophie, Antoine Hatzenberger est assistant à l’ENS de Tunis. Il a publié La Liberté (1999), Esthétique de la cathédrale gothique (1999), et dirigé l’ouvrage collectif Utopies des Lumières (2010).


Antoine Hatzenberger
Rousseau et l'utopie
De l'État insulaire aux cosmotopies
Éditions Honoré Champion, 2012
n° 19. I vol., 736 p., 145 €
ISBN 978-2-7453-2252-4

vendredi 09 mars 2012

Les Dix mots du "songeard"

RousseauAufildesmots.jpgDis-moi dix mots, dis-moi Rousseau ! C’est le pari du petit livre publié par les éditions La Passe du vent dans le cadre des dix mots de la Semaine de la langue française et de la francophonie placée en 2012 sous le signe de Rousseau. Des citations, des contributions d’écrivains, de la matière, de quoi filer la trace de Jean-Jacques

Rousseau au fil des mots…, et c’est un flot qui emporte le lecteur. « Âme, autrement, caractère, chez, confier, histoire, naturel, penchant, songe, transport », dix mots, dix stations, dix textes signés Pierre Bergounioux, Marc Porcu, Sylvie Fabre G., Patrick Vighetti, Philippe Lejeune, Emmanuel Merle, Samira Negrouche, Maya Ombasic, Jean-Pierre Siméon et Valère Staraselski.
De l’un à l’autre, on passe d’un Rousseau politique à un Jean-Jacques fraternel, d’un Jean-Jacques intime à un Rousseau philosophe. Mais dans chacun de ces hommages, on garde le sentiment d’un lien incroyablement vivant et formidablement contemporain entre tous ces écrivains d’aujourd’hui et « le premier des indignés ». Non pas un maître, comme le précise toujours Lionel Bourg, mais un frère.
Il en est ainsi de Philippe Lejeune, qui considère que Rousseau, par la place de confiance donnée à son lecteur dans Les Confessions, se tient « au cœur du pacte autobiographique » ; tout comme d’Emmanuel Merle, persuadé que Rousseau, dont la vie et l’œuvre sont marquées par l’injustice, « connaissait [son] histoire » et « avait déjà débusqué le petit garçon en [lui] » ; ou encore de Maya Ombasic, prenant la statut du grand homme comme confesseur dans les heures noires de Genève.
Il y a donc le parcours des uns et le miroir qu’est l’autre, cet autre, ce « songeard », adepte du vagabondage qui récuse la ligne droite, comme le décrit Jean-Pierre Siméon. À l’égal de cet inventeur d’idées et de genres, les Dix mots permettent d’emprunter tous les chemins de traverse, qu’ils soient de littérature ou de philosophie, de poésie ou simplement d’invention.

Laurent Bonzon

Rousseau au fil des mots
10 mots, 10 écrivains, 100 citations
La Passe du vent, 2012
192 p., 5 €
ISBN 978-2-84562-190-9

jeudi 23 février 2012

La force du sentiment


LaCroiseeDesErrances.jpgNé d’une commande de la Région Rhône-alpes, La Croisée des errances, sous-titré « Jean-Jacques Rousseau entre fleuve et montagnes », est avant tout un livre de Lionel Bourg, plein d’une lancinante poésie, où il fait bon s’aventurer. On y suit passionnément l’auteur qui, lui-même, a mis ses pas dans ceux de Jean-Jacques. Une émouvante cordée.

Rousseau, ici et maintenant ! C’est à cette manière de commémoration, impertinente et vive, que Lionel Bourg convie son lecteur, n’hésitant pas à faire le tour de la statue du grand homme pour montrer ce qu’il y a derrière, faire visiter, apprécier les paysages, chercher coûte que coûte à entendre battre le cœur de Jean-Jacques. Celui de Lionel Bourg s’ouvre grand, dès le début de cette marche littéraire et biographique : « J’aime Rousseau. » Voilà qui est dit. Avis aux grincheux et autres défenseurs de l’icône. Ce Rousseau-là est le sien…
Il y a sa façon de marcher et de penser à la fois, de trouver refuge dans les montagnes du Pilat ou d’ailleurs, une forme de solitude bienfaisante sous le prétexte d’herboriser. Il y a aussi l’aversion pour les puissants, « cette indignation qu’aucun baume n’apaise », la propension à l’insubordination autant qu’à la rêverie, la passion pour la langue, le goût éperdu de la liberté, cette philosophie de gueux, que Voltaire lui reproche, et puis, plus que tout, une inadéquation au monde, quelque chose qui cloche à l’intérieur, là, sous la peau. C’est cela surtout qui rapproche Lionel de Jean-Jacques.

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